Les décorations sculptées
Les artisans multipliaient les frises qui ornaient les plinthes, les solives et les corniches. Un moyen courant mais de bel effet consistait à tracer des motifs décoratifs et symboliques, puis de poinçonner les surfaces entre les dessins avec un burin.
Les différents bâtiments, granges, raccards portent sur leurs sommiers, leurs colonnes ou leur faîte des textes, des monogrammes du Christ, des rosaces, des soleils, des croix, tous désignés ici sous le terme collectif de sculptures.
Fréquents sont les raccards ou les granges qui portent un texte, des initiales ou une sculpture symbolique. S'il est communément admis que ce sont les raccards qui portent des inscriptions, certaines granges cependant en sont aussi ornées.
Nous constatons que les plus anciennes constructions rurales encore sur pied sont généralement les plus richement agrémentées en textes comme en sculptures. Au XIXème siècle, les sculptures se raréfient ou deviennent absentes à l'exception des dates, des initiales, des croix et des monogrammes du Christ. On ne saurait dire si c'est par oubli de leur signification ou par fléchissement de la croyance en leur valeur protectrice. Des conditions de vie moins impitoyables pouvaient aussi requérir un besoin moindre de protection.
Dans la chambre commune, la poutre maîtresse porte fréquemment des inscriptions et des décorations gravées au couteau ou au ciseau. Elles ont souvent une forme stéréotypée dont les éléments essentiels sont :
- les noms de Jésus, de Marie et de Joseph, en toutes lettres ou sous forme de monogrammes. C'est en quelque sorte la dédicace de la maison.
- les noms des propriétaires qui ont fait construire la maison : les époux, parfois les frères et soeurs qui ont participé à la construction. C'est à partir du XVIème siècle que l'habitude de citer les noms des propriétaires se répand et se généralise.
- l'année de la construction, à laquelle on ajoute parfois les jours et le mois.
- des motifs ornementaux : rosaces, soleil, marque de famille, etc.
Ces éléments sont parfois accompagnés d'une sentence qui fait allusion à la fragilité et à la brièveté de la vie humaine. Les inscriptions sont écrites généralement en caractères romains, mais il y en a de très anciennes écrites en lettres gothiques, parfois fort difficiles à déchiffrer.